Les Inavouables

Catherine Zambon.

Les Inavouables sont autant de pièces d’un puzzle qui dévoile le monde d’aujourd’hui dans ce qu’il y a de plus effrayant – mais aussi de plus drôle et de plus émouvant. Une série de rencontres « éclairs » avec des personnages apparemment familiers, mais qui nous en disent plus en dévoilant leur secret intime.

Créé le 7 novembre 2006 au Vivat d’Armentières.

Notre rencontre avec les « Inavouables » vient prolonger d’autres rencontres avec des textes qui amenaient tous une parole singulière, adressée au public comme une révélation intime et violente (Yves Reynaud, Jean-Marc Lanteri, Carole Fréchette, Emmanuel Darley).

Avec les « Inavouables » c’est le reste de la famille qui débarque dans notre univers théâtral.

« Les Inavouables » sont autant de pièces d’un puzzle sans modèle mais qui porte en lui la promesse d’un regard sur le monde d’aujourd’hui dans ce qu’il a de plus effrayant, mais aussi de plus drôle et de plus émouvant. C’est ici le langage qui doit faire exister ces « personnes de théâtre », les faire surgir puis disparaître. Et c’est autant la forme de cette langue que son contenu, qui va nous rappeler celui ou celle qu’on a déjà rencontré dans la « vraie vie ». Et ce n’est plus seulement pour un « bonjour » ou un regard en douce, c’est ici dans l’intimité d’une parole libérée, toute l’humanité révélée de cet autre auquel on ne croyait plus.

Textes d’intention

Des petites confessions dans la grande catastrophe de la vie.

Pourquoi raconterait-on l’histoire de sa vie si l’on a pas peur de la perdre ? Eternelle situation des derniers moments à vivre qui justifient ces révélations… ces Inavouables… C’est l’un des enjeux de notre travail théâtral : quelle est l’urgence qui justifie l’irruption de cette parole ? Quelle nécessité de ces différentes confrontations ? Pourquoi ces rencontres improbables dans un monde socialement fracturé ? Pourquoi cette accumulation d’existences singulières qui semblent pourtant former un tout ?

Seuls ou à plusieurs, mais toujours ensemble, les comédiens de cette tribu des habitants du monde vont se saisir de ces inavouables, ils vont inventer toutes ces vies entrecroisées et nous emmener doucement au coeur de l’humain. Ils vont nous entraîner dans la fragilité d’un “mentir-vrai”.
Ainsi la vraie révélation n’est peut-être pas celle que l’on veut faire, c’est sans doute celle qui nous échappe, dans la nécessité d’un instant d’abandon et de rencontre avec l’autre.
Le théâtre peut faire exister ces moments là.

Vincent Dhelin

Pourquoi nous montons ce texte ?

En ces temps où la poste existe encore, nous est arrivé un jour, une enveloppe en kraft. Un texte de théâtre, envoyé par une auteure de théâtre.
Rien de très original a priori pour une compagnie de théâtre, mais une lettre accompagnant le paquet nous a intrigués : un technicien que nous avions croisé en tournée, nous invitait à lire ce texte.

Et là, nous avons été surpris par ces voix et cet improbable patchwork de petites confessions contemporaines se superposant les unes aux autres. Comme un trop plein de révélations et d’aveux qui font ressortir l’âme humaine sur le divan du monde.

La parole ici, c’est la clé de voûte. Elle égraine les mots, comme le sablier les grains de sable. Elle est la mesure du temps.
Et tout à coup, sans crier gare, le dérisoire de notre condition apparaît dans le miroir de cette improbable galerie de portraits.
Nous avions sous les yeux un théâtre à vif, restait à le mettre en chair…

Olivier Menu

Avec : Sophie Bourdon, Olivier Chantraine, Delphine Delafosse, Olivier Menu, Philippe Peltier. Mise en scène : Vincent Dhelin
Collaboration artistique : Olivier Menu. Mouvement : Bérénice Legrand. Lumière : Annie Leuridan. Assistante scénographe : Christelle Delcambre. Création musicale et sonore : Jean-François Hoël. Régie générale: Fabrice Pureur. Régie lumière : Agathe Mercier. Scénographie : Christelle Delcambre, Vincent Dhelin, Alexandre Herman, Annie Leuridan, Olivier Menu. Construction : Alexandre Herman
Coproduction : Le Vivat, scène conventionnée d’Armentières. Avec l’aide de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche et le soutien de l’Adami. Le texte est publié aux Editions La Fontaine.

Paroles d’artiste

Pourquoi j’ai écrit les Inavouables ?

Je sortais de l’écriture des Saônes qui, en soit, constitue un énorme aveu. C’était sombre, bouleversant, un chaos qui a duré longtemps. Cependant, pas à pas se réaffirmait pour moi combien le non dit c’est la mort du vivant. C’était pas gai. Je suis ressortie de ce texte comme ébrouée, et j’ai eu envie d’aller vers la forme courte, pistant une légèreté de parole, des textes près de la peau, où la drôlerie trouverait aussi son compte. Pour ne pas oublier que la parole sauve, et sauvera toujours, glissant sur la ténèbre du silence un radieux sourire effronté.

 

Comment j’ai écrit les Inavouables.

Je me levais. J’écrivais. J’oubliais ce que j’avais écrit la veille. Je pondais ces Inavouables presque sans m’en apercevoir. J’avais envie de multiplicité, comme pour retrouver ma tribu d’éclopés, mes joyeux, mes ressuscités et de raconter avec eux un état du monde dans son intime, son oralité, son accidentel. Ce fut la ruée : tant d’êtres observés ici et là avec une patience d’entomologiste resurgirent. Ils prirent possession de ma plume, de ma langue. Je les voulais ? Ils arrivaient ! Ils vinrent, s’offrant à moi comme un cadeau.

Catherine Zambon

 

 

Extraits

“Un jour, je lui dirai. Le jour où j’aurai vraiment compris pourquoi je l’ai fait, je lui dirai.”

“Ca m’a fait drôle ce que Dorothée elle a dit. De comprendre ça, que je peux pas dire.”

“Il aime mes seins, tu parles. 75 bonnet A y’a rien à aimer. Je l’ai fait.”

“Pas le droit d’aimer. Attention ! Fratricide je suis. Comme eux. On est naze dans ce groupe de la parenté.”

“On dit les riches, les pauvres, mais en fait il y a toujours un pauvre plus pauvre que vous prêt à vous bouffer le dos. Ouais. Je le sais. C’est pas solidaire de dire ça, mais pour ce que j’en ai à foutre de la solidarité !”

“Je ne sais si maman… Je ne sais si maman était réveillée.”

“Le doute tue l’humain. Tu doutes, tu meurs dans ce monde. Alors il vaut mieux en changer ! Non pas de monde…”

“J’ai pensé à ce moment là que Marie avait du faire Jésus comme ça, avec Joseph ou un âne qui lui léchait la main.”

Dates de représentation

-du 7 au 11 novembre 2006 au Vivat d’Armentières
-les 14 et 15 novembre aux ATP de Nîmes
-le 17 novembre, Auteurs en acte, Bagneux
-le 21 novembre aux Scènes d’Abbeville
-les 29 et 30 novembre au Théâtre de l’Ephémère, Le Mans
-le 1er décembre à Ermont
-le 29 et 30 mars 2007 au Prato, à Lille
– le 30 mai à Halluin (Rencontres théâtrales de la Vallée de la Lys)
– le 25 juillet à Saint-Antoine l’Abbaye (Festival Textes en l’Air, 38)